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Les yeux lui piquaient, refusant presque de s’ouvrir. C’était si bon et si agréable de dormir, dans ce pyjama tout doux que la petite Kobik avait adopté depuis un moment déjà. Il fallait le dire, c’était bien mieux de dormir comme les humains que lorsqu’elle était sous sa forme de cube dont l’esprit sommeillait constamment. En plus, son lit était si confortable, qu’elle adorait s’y enfoncer sous la couette une fois qu’il était l’heure de se coucher. Parfait aussi pour sauter dedans quand elle débordait d’énergie, mais cela n’avait pas été le cas hier. Hier, elle avait simplement glissé dans les bras de Morphée, sans même se soucier qu’en fin de compte, la soirée aurait été bien plus intéressant à faire du porte-à-porte pour récolter des bonbons. Étrange, peut-être lorsque l’on connaissait le caractère enfantin de l’enfant, mais ce qui allait être bien plus étrange, c’était son réveil.

Car elle se réveilla dans une ruelle vide. D’abord, elle ne l’avait pas bien compris, alors qu’elle avait du mal à saisir où elle était. Kobik avait du mal à ouvrir ses yeux, comme si le marchand de sable avait bien trop chargé sa dose lors de son passage. Ce qui n’était pas cool, car la petite blonde voulait se réveiller et voir où elle se trouvait. Ce genre de chose plutôt pratique quand ce n’était pas l’habituel décor de sa chambre qui l’entourait, mais plutôt une étrange ruelle vide. C’est ce qu’elle voyait au final en se redressant, frottant ses yeux devant lesquels tombaient quelques-unes de ses mèches blondes. Pourquoi elle était là ? C’était quoi cette ville ? Et ils étaient où les gens ?

Des questions que Kobik ne se posa pas bien longtemps alors qu’un bruit d’aile termina de la sortir de son sommeil.

— T’es qui toi ?

Elle n’avait rien trouvé à dire d’autres dans un premier temps. En même temps, c’était quoi cette chauve-souris ? Et elle parlait en plus ? Kobik voulait bien croire que le monde était fait de choses plus étonnantes les unes que les autres. Elle-même le prouvait de par ce qu’elle savait faire, mais tout de même. Une chauve-souris qui parle, c’était peut-être un peu gros. Mais qu’importe, elle était tellement mignonne.

— Ouais, je suis une princesse qui mange des paillettes.

Elle l’avait dit avec un grand sourire, sans vraiment faire attention au fait que l’animal volant se rapprochait désormais, volant tout autour d’elle. Si en plus l’animal la complimentait, elle ne pouvait qu’être sympa et pleine de bonnes intentions. Kobik n’imaginait pas une seconde que ça puisse être autre chose.

Du moins, jusqu’à ce qu’elle sente les griffes de la chauve-souris sur elle, notamment dans ses cheveux. Dans un signe de protestations, elle rabattit la capuche de sa grenouillère jeune sur sa tête, tout en cherchant à quitter les cercles dans lesquels l’enfermait l’étrange créature.

— Eh ! Pas touche, ça c’est à moi.

Là, elle prit la fuite. Le mignon ne prenait plus le pas sur le reste, et Kobik avait réussi à ne plus être dans cette ronde de l’enfer. Parce qu’à la suivre du regard, tournant sur elle-même en restant sur la mignontitude de la bestiole, la petite commençait à en avoir le tournis. Et ça, ce n’était pas drôle. Mais alors qu’elle essayait de s’éloigner de la vampirette volant, elle entendit une voix qui la fit s’arrêter. Alors elle n’était pas seule ? Ou c’était encore un animal bizarre qui l’attendait au coin de la rue ? Et à cette question, elle n’avait que deux possibilités : ne rien dire et continuer de courir – voire essayer de se téléporter – ou répondre qu’elle était là. Ce qu’elle fit.

— Par ici !

Sans réfléchir plus longtemps, elle s’était même engouffrée là où elle avait perçu la voix, jusqu’à percuter quelqu’un de plein fouet. Oups.

— Dites-moi que vous ne voulez pas me coiffer. Ni toucher à mon pyjama. Je l’aime trop celui-là.

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Cette histoire n'amusait aucunement Kobik, bien au contraire. Et pourtant, il en fallait beaucoup pour ne pas l'amuser, elle qui passait sa vie à tout prendre pour un jeu. Seulement, se retrouver poursuivie par une chauve-souris géante, voulant la recoiffer et la rhabiller, ça n'avait rien de drôle. Encore moins, alors qu'elle se retrouvait dans un endroit méconnu, sans âme semblant y vivre. Il y avait de quoi la terroriser, s'il elle n'était pas restée concentrée sur cette idée de fuir l'animal volant. Car telle était son idée première, que de courir droit devant elle, sans plus réfléchir à où elle déboucherait. Pas même un instant, la petite blonde se laissa penser qu'elle pourrait tomber sur un nid avec une dizaine d'autre créature que celle qui la suivait. Non, cette idée n'avait pas pris place dans son esprit, celui-ci ayant été attiré par une voix qu'elle avait perçu. Une voix qui fut salutaire pour elle, alors que cela signifiait qu'elle n'était pas seule.

Fonçant sans faire attention à ce qui l'entourait, ce fut donc presque normale que Kobik percuta l'autre personne présente. Et si lui n'avait pas bougé, la blondinette avait dû reculer de quelques pas pour éviter à ses fesses d'amortir une chute certaine. Tomber n'était pas vraiment une bonne idée si elle voulait s'éviter un relooking complet par une chauve-souris folle. Elle l'avait d'abord trouvé amusante, en se faisant traiter de princesse. Mais pas plus. Et c'est ce qui justifiait qu'elle ne souhaite pas que l'on s'occupe d'elle, aussi bien que sa question puisse paraître étrange. De toute façon, Kobik n'était plus vraiment à ça prêt et elle ne fit même pas attention à la réponse de cet homme. Elle s'était plutôt retournée, comme pour s'assurer que la bestiole qui la suivait avait perdu sa trace. La petite n'y croyait pas, mais les humains ne disaient-ils pas que l'espoir faisait vivre ? Alors, oui, elle espérait que ce machin ait préféré prendre une autre ruelle, perdant ainsi sa place. Cause perdu, le bruit des ailes se faisant entendre derrière elle, tout comme le caquètement d'une poule.

— Une poule ?

Elle en avait ouvert grand ses yeux. Alors lui aussi avait un animal qui le poursuivait ? Mais ils étaient fous dans cette ville. Kobik ne put rien dire de plus, alors qu'elle fut attrapée par l'inconnu, lui tirant un cri de surprise. Ni une ni deux, elle avait fini sur son épaule et regardait avec stupéfaction les deux animaux les suivant, l'une caquetant sans cesse alors que l'autre ne cessait de répéter de lui laisser s'occuper d'elle. Mais qu'est-ce qu'elle croyait cette chauve-souris ? Que Kobik allait céder ? Même dans les rêves les plus fous, cela ne se produirait pas. D'ailleurs, comme pour le lui dire, la blondinette profita de sa posture pour faire un pied de nez à sa poursuivante. Une réaction totalement immature, mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire, alors qu'elle se laissait porter. Habituellement, elle se serait sûrement débattu, mais là, si son comparse réussissait à les éloigner de ces animaux, elle en serait plus que ravie.

Ce qui semblait par ailleurs se faire. De là où elle était, Kobik pouvait voir la distance se creuser peu à peu, jusqu'à ne plus voir la poule et la chauve-souris après un détour dans une rue. Ouf, il était possible de les perdre. Elle en soupirait de soulagement, continuant de voir les pavés défiler sous-elle. Au moins, après quelques rues, il serait encore plus dur de les trouver. Et ça, elle l'appréciait plus que tout.

— C'est bon, je les vois plus.

Kobik avait un peu élevé la voix pour se faire entendre. Si au moins elle pouvait servir à quelque chose, alors que, pour l'instant, sa ressemblance se rapprochait plus à celui d'un sac à patates jaune, qu'à une petite fille douée pour se sortir des situations les plus rocambolesque. Parce qu'elle se le promettait, si les bestioles ne les lâchaient pas, elle rentrerait dans une grande colère comme elle savait le faire.

Retrouvant le sol, la petite observa les alentours, comme pour chercher le moindre repère. Finalement, elle fit face à l'inconnu qui l'avait aidé, le détaillant de son regard bleuté. Non, elle était certaine de ne pas le connaître. Et à sa question, elle avait négativement secoué la tête.

— Ca va, t'as les épaules larges. Mais t'es qui toi ?

Si habituellement, elle ne quittait jamais son plus grand sourire, là, son visage avait été pris d'une expression de curiosité. Sans passer par quatre-chemins, elle lui avait demandé son identité, ne voulant pas continuer avec cette question. Elle en avait bien trop à cause de tout ce qui leur arrivait depuis le réveil. Déjà, pourquoi elle n'était pas dans son propre lit, là où elle s'était endormie la veille ? Et pourquoi cette chauve-souris ne la lâchait pas ?

— Moi c'est Kobik. Pourquoi t'avais une poule aux fesses ?