Wanda n'était pas une habituée des fêtes foraines. Étrangement même, elle ne s'y était encore jamais rendue jusqu'à ce jour. Une nouveauté pour elle. Lors de son enfance, les occasions avaient manqué de par l'instabilité du pays. Il y avait les faibles revenus de ses parents, mais aussi la situation du pays. L'Européenne avait toujours connu la Sokovie sous les tensions et la pauvreté. Une fête foraine ou un parc d'attraction aurait très certainement fait tâche. Et puis par la suite, ce n'était pas Hydra qui allait leur payer un billet. Ni Ultron avec ses rêves d'extermination. La jeune femme aurait pu, par la suite, en profitant. En venant vivre aux Etats-Unis, des possibilités de découvertes s'étaient ouverte à la mutante, mais elle n'avait jamais réellement pris le temps de le faire. La priorité pour elle avait été de comprendre ses pouvoirs et d'en améliorer la maîtrise. Alors à vrai dire, tout ce qui était fête foraine était quelque peu passé à la trappe.

Or, si là elle s'y trouvait, ce n'était pas pour passer du bon temps. Wanda s'était rendue parmi ces forains pour mener l'enquête. Une enquête un peu spéciale, mais la concernant particulièrement. À force de prêter l'oreille dans les rues de New York, elle entendait des choses. Une habitude qu'elle n'avait jamais perdue et qu'elle continuait par ailleurs à travailler. Et ce qu'elle avait entendu l’avait plutôt intrigué. Une histoire de sorcellerie ayant fait tiquer l'oreille de la mutante. Elle n'était pas ignorante de la magie, ses pouvoirs eux-mêmes étant évoqués comme de la magie. Elle avait aussi côtoyé. Stephen Strange, un grand sorcier. Mais en dehors de ces deux points, Wanda ne pouvait prétendre bon nombre de semblables. Et pourtant, elle savait que son homonyme de cette réalité en savait plus. Il avait été clair que son alter ego avait une belle longueur d'avance.

En soit, l'histoire qu'elle avait entendue ne semblait pas des plus étrange. C'était d'abord une simple histoire de magiciens venant de la bouche d'un enfant envers ses parents. Une parole qui avait fait sourire tendrement la mutante. La fascination enfantine pour ce qui semblait irréaliste, elle connaissait. Elle-même l'avait vécu toute petite, avec sa fascination pour les séries typiques américaines, Alors en soit, que cela vienne d'un enfant n’avait pas plus intrigué Wanda. Les enfants avaient cette magnifique possibilité de rêver. Mais ce qu'avait par contre remarqué la jeune femme, c'était cette conviction chez les parents. Et chez d'autres, qu'elle avait vu revenir de la fête foraine. Une fête foraine où elle avait fini par se rendre. La jeune femme avait pris quelques jours pour s'assurer que ce n'était une simple volonté de prolonger le rêve d'enfants. Grâce à ses pouvoirs, il ne lui avait pas été difficile d'avoir les éléments dont elle avait besoin. S'infiltrer dans les esprits était ce qu'elle maîtrisait le mieux. Ironie d'ailleurs, alors que c'était le pouvoir qu'elle utilisait désormais le moins. Un pouvoir qui lui permit cependant d'avancer. Elle savait quoi chercher. Ou du moins, plutôt qui.

Traversant les lieux, Wanda prenait son temps. Elle observait l'agitation qui se dégageait de cet endroit. Sa mission était personnelle, elle n'avait pas à s'inquiéter du temps que ça lui prenait. D'ailleurs, la mutante trouvait ça étrange, que de se dire qu'elle pouvait le faire. Pour l'heure, il n'y avait pas la moindre directive quant à une potentielle tentative de retourner dans leur univers. Alors comme lors de leur voyage en 1945, la jeune femme arrivait à se faire à sa nouvelle vie. La raison originelle de tous ces voyages semblait loin et Wanda arrivait d'ailleurs à penser à autre chose.

Se laissant à ses pensées, Wanda arriva proche d'une roulotte. Un sourire nostalgique la prit. Si elle n'avait jamais connu la vie de gitan, ses parents avaient fait partie de cette communauté. Du moins, ceux qui l'avaient recueilli, elle et son frère. Wanda ne s'était jamais lassé de leurs histoires et de voir cette roulotte ne pouvait que l'y faire penser. Roulotte à laquelle elle signale sa présence par un bref coup. Elle aurait pu décider d'aller droit au but, d'utiliser ses pouvoirs pour dévoiler la vérité, mais en cas d'euro de sa part, la mutante refusait de créer un quelconque problème.

— Excusez-moi, on m'a dit que je pouvais trouver un magicien ici. Est-ce vrai ?

Son choix de mots avait été précis. Après tout, il y avait une sacrée différence entre un sorcier et un magicien.

Tôt ou tard, chacun finissait par dévoiler sa véritable nature. Wanda se souvenait d’avoir été celle qui avait évoqué ce détail lors de sa rencontre avec Ultron. Cet homme de fer dont elle n’avait d’abord pas pu percer les barrières de l’esprit. Il l’avait fasciné avant de la décevoir une fois son véritable but dévoilé. C’était en se remémorant se souvenir que Wanda se savait confiante à rencontrer ce « magicien ». Peut-être n’avait-elle pas l’expérience de Strange dans le domaine de la magie – bien que cela faisait des années qu’elle la pratiquait – mais elle avait confiance en ses compétences et en ces sens magiques qu’elle avait. L’esprit ne lui était pas aussi complexe qu’il pouvait l’être pour d’autres. En un geste de main, elle était capable d’éveiller les pires cauchemars chez son ennemi. Il pouvait devenir difficile de lui cacher quoi que ce soit, bien que ce pouvoir, elle n’utilisait plus aussi souvent que par le passé. La mutante avait appris le respect des barrières et ne s’insinuait pas sans raison dans les esprits. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle en jouait… Alors une fois sa présence signalée, Wanda restait maîtresse de ses émotions. Après tout, ce n’était qu’une simple enquête pour l’heure.

L’homme qui lui avait ouvert semblait des plus excentriques. La joie qu’il transmettait fit pourtant sourire Wanda. Où était-ce le rôle qu’elle se donnait pour camoufler son enquête ? En tout cas, la jeune femme accueillie l’enthousiasme, alors qu’il confirma ses dires. Au moins, elle ne semblait pas être tombée sur un homme mystérieux préférant jouer avec les mots que de répondre concrètement. Pourtant, la mutante restait méfiante sur une observation qu’elle s’était faite. S’il pouvait être normal qu’un enfant réclame un magicien, elle avait cru comprendre que les adultes restaient bien plus sur la réserve quant à leur croyance. Or pour cet homme, ça lui semblait normal de la voir ici. Mais en même temps, elle se trouvait dans une fête foraine alors c’était peut-être normal.

— Wanda. Ravie de faire votre connaissance. Et à dire vrai, vous êtes le premier magicien que je rencontre. Mais de ce que l’on dit sur vous, vous semblez talentueux.

Semi mensonge servi dans cette phrase, alors que Wanda préférait cacher sa connaissance de ce monde mystique. Mais il était vrai que le temps de traverser cette fête foraine, sans même s’arrêter à un autre stand, elle avait eu vent des propos émerveillés de tous. Cet Alistair Dynaro faisait parler de lui et la jeune femme ne pouvait que le comprendre de par son style peu commun.

Ainsi, Wanda ne refusa pas la proposition. Elle avait même laissé percer son accent européen dans ses paroles, comme pour justifier cette première fois. Elle savait qu’il existait des figurants, usant de tour de passe-passe pour faire croire à la magie. Certains des charlatans, d’autres n’ayant cette supercherie comme seul moyen de vie. Alors si Alistair usait d’une quelconque magie lors de ces tours, la jeune femme serait certaine de le percevoir. Après tout, toute magie laissait une trace et sans avoir le talent de d’autres, elle commençait à savoir la déceler.

— Je savais que la magie était présente chez les gitans, mais je croyaient que c’était généralement les femmes qui la pratiquaient.

Cette fois, il n’y avait pas de supercherie. Wanda ne faisait que se servir des récits de ses parents alors qu’elle avait toujours aimé entendre parler de leur vie d’avant. Une vie que son alter ego avait côtoyé – contrairement à elle – durant leur enfance.

— Mais je suis désolée si je suis venue en dehors de vos heures. Je peux repasser si vous souhaitez, peut-être avez-vous besoin de repos entre chaque spectacle.

Elle n’avait pas vraiment envie de partir, mais Wanda s’était dit qu’en l’insinuant, cela pouvait l’inciter à rester. Des stratégies qu’elle avait peu à peu appris depuis l’arrivée de ses pouvoirs et qu’elle ne cessait de travailler. Inconsciemment, elle avait trouvé son rôle de petite européenne naïve, qui se laissait porter par ses rêves. Un rôle tout autant similaire et opposé à ce qu’elle était réellement, alors que face à son jumeau, Wanda était très certainement la plus terre à terre des deux.

Jouer la comédie pouvait s’avérer dangereux, mais sans savoir à qui elle avait à faire, Wanda ne souhaitait pas en faire autrement. Elle avait pu voir de ses propres yeux la puissance de la magie, et s’il s’agissait d’un véritable sorcier – ou magicien – qu’elle s’apprêtait à rencontrer, la jeune femme ne souhaitait pas tenter le diable. Certes, elle savait se défendre, elle ne craignait pas une puissance en face, mais faire démonstration de tout cela dans un lieu si fréquenté que la fête foraine, ce serait de la folie. Une folie dont elle ne serait pas à l’origine.

Elle retint alors son amusement aux propos d’Alistair. Si en effet, elle savait réellement qu’il n’était pas le seul magicien des environs, elle comptait bien attendre d’en avoir la preuve avant de croire qu’il était le meilleur. Car sans même penser à ceux qu’elle connaissait, elle avait découvert l’existence de sorcières dans ce monde, qui était plus ou moins liées à sa propre identité. Que ce soit par ce mythe que semblait être la Sorcière Rouge ou les mentors que son autre-elle avait côtoyé. Des sorcières que Wanda comptait bien rencontrer, afin d’en apprendre plus sur ses pouvoirs et, pourquoi pas, apprendre à mieux les contrôler. Même si la source magique de la mutante n’était nulle autre que sa mutation, cela restait ce qui avait été nommé « Magie du Chaos ». Une magie qu’elle avait réellement commencé à mieux comprendre depuis leur venue dans ce monde. Jusqu’alors, tout n’avait été qu’hypothèse de sa part.

— Alors je suis ravie de vous rencontrer si vous êtes le meilleur.

Continuant de jouer son jeu, Wanda avait préféré rester du côté de la flatterie. Une notion que tout être humain possédait, et qu’elle avait pu connaître comme prenant une grande place chez son jumeau. Elle était cependant curieuse de savoir à quoi il pouvait bien se comparer pour ainsi se considérer comme le meilleur. Car si elle n’avait toujours aucune preuve de la moindre démonstration magique d’Alistair, elle ne pouvait ignorer l’aura qu’elle perçue. Jusqu’à peu, il était difficile de le percevoir, mais maintenant, il ne restait qu’à la mutante de découvrir si la personne possédait une quelconque forme de magie, ou s’il s’agissait d’un objet en sa possession.

Mais le sujet dévia un instant sur la remarque qu’avait fait la jeune femme. Sans une réelle connaissance du monde bohème, jamais elle ne se serait permis de le pointer du doigt. Et d’ailleurs, l’évocation qu’elle soit bien renseignée la fit sourire intérieurement. En soit, elle n’avait rien vécu de cette vie, mais elle gardait constamment à l’esprit les histoires racontées par ses parents. Car c’était en partie grâce à cette vie de bohème que les Maximoff les avaient trouvés et adoptés, elle et Pietro.

— J’ai eu de la famille originaire de communauté Tzigane. Ils se sont finalement installés en ville pour nous offrir une vie stable, à mon frère et moi, mais il est vrai que nous avons été baignés dans leur culture. Excusez-moi d’ailleurs si je vous ai offensés.

Bien qu’elle n’eût pas l’impression que ça le soit. À vrai dire, la mutante restait intriguée par cet homme qui semblait assez excentrique. Elle avait dû mal à le cerner et ça, c’était bien une chose dont elle avait horreur.

Cependant, les nœuds du mystère allaient très rapidement se dénouer. Sans qu’elle n’ai eu le temps de rajouter quoi que ce soit de plus, Wanda fut témoin d’un tour de passe-passe relativement bien maîtrisé. Ce fut d’abord une fleur qui apparut de derrière son dos. Une tulipe qui, sur le coup, n’impressionna pas plus que ça Wanda, se disant que rien ne lui disait qu’elle n’y était pas déjà dissimulée. Ce fut la suite par contre, qui fut plus surprenant, et qui fit comprendre à la jeune femme l’émerveillement des petits et des grands. La fleur disparue avant même qu’elle ne puisse saisir, pour devenir ensuite un hibiscus d’une blancheur exaltante. Cette fois-ci, elle n’eut aucun doute. L’essence même de la magie se déployait de cette fleur qui en avait eu les bénéfices. Rien de visible à l’œil nu, mais pour celle qui pouvait le sentir malgré elle, elle ne pouvait nier que la magie avait émané de l’homme pour atteindre sa cible. Une cible qui ne représentait désormais plus la pureté de sa blancheur, mais désormais teinté de l’éclat rougeoyant qui caractérisait tant Wanda. Touché, le magicien marquait un point.

— Il est vrai qu’elle est sublime.

Cette fois-ci, la jeune femme avait pu s’en saisir. Wanda en observait les pétales, laissant ses effluves se transporter dans les airs. Elle ne savait s’il avait conscience de ce qu’elle avait réellement ressenti, pouvant désormais certifier de sa nature et, pour couper court à tout quiproquo, il était désormais temps à la mutante de faire preuve de ses propres compétences.

Puisant dans sa propre magie, elle n’avait pas détourné le regard de la fleur, ouvrant simplement sa main sous celle-ci. De ses doigts, se dégagèrent les halos écarlate si propre à son don. La fleur lévitait simplement au-dessus de sa paume, tournoyant lentement sous elle-même, sous la force insufflée dans ses mouvements de doigts.

— Une fleur magnifique qui n’a pourtant rien de réelle, n’est-ce pas.

Son regard ne quittait pas la plante. À ce niveau-là, il était possible à la mutante de se détourner de la plante, sans craindre de la laisser tomber. Mais elle aimait observer l’effet qu’elle créait tout autour, dont seul pouvait être témoin le magicien. Maintenant, sa réaction finirait de répondre à certaines de ses hypothèses, Wanda étant certaine de faire son petit effet.

Wanda devait le reconnaître, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas joué à un tel jeu de subtilité. Elle n’en avait plus eu besoin, et à vrai dire, elle devait reconnaître qu’il y avait cet amusement plaisant. Elle laissait croire qu’elle se laissait envoûter par ce tour fleurit que lui offrait le magicien, après qu’il l’ait rassuré sur l’absence d’offense. La jeune femme savait que chaque individu avait sa propre susceptibilité, elle-même pouvait l’être selon son humeur du jour. Alors elle ne voulait pas causer le moindre tort pour une parole de travers, simplement faire preuve de courtoisie, se servant des mots comme porte ouverte à leur échange. Un échange où elle marchait sur les œufs, cherchant à jauger cet Alistair, se disant comme le meilleur des siens. Car outre la magie, autre chose intéressait la mutante, qui cherchait à savoir quelles seraient les intentions de l’homme. Elle n’était pas naïve, elle savait que la puissance pouvait appeler à la vanité et à des envies de grandeur, or elle considérait comme l’un de ses devoirs, que de veiller à la sécurité de tous.

Ainsi, elle n’avait d’abord rien dit sur elle, se laissant passer pour la petite humaine rêvant de cette magie. Elle avait beau évoqué ses origines européennes, cela n’était qu’un détail pour essayer d’en apprendre plus sur Alistair. Mais ce point avait été mis de côté par l’arrivée de cette fleur, littéralement sortie de nulle part. Si d’autres adultes pouvaient chercher le trucage, Wanda avait senti la magie qui en découlait. Chercher serait alors inutile, dès lors que cette plante appartenait à l’univers du mystique. La jeune femme se montrait donc émerveillée par le tour, qui ne cessait de se vouloir surprenant. Un air que certains pouvait décrire comme un peu naïf, mais qu’elle garda jusqu’à être, à son tour, surprenante.

Wanda n’utilisait pas ses pouvoirs de manière anodine. Si au début c’était plus par crainte, maintenant c’était pour éviter tout souci. Ou pour éviter une chasse à la sorcière. Mais là, elle ne craignait rien. Le magicien devant elle avait aussi fait démonstration de ses pouvoirs, et elle-même tournait le dos à pas mal de monde. Seul, lui devenait témoin du halo rougeoyant entourant désormais la base de la fleur, et le changement de sourire d’Alistair la fit sourire à son tour. À croire que son jeu avait fait son petit effet.

— Elle est réelle tant que l’on veut qu’elle le soit. Tout comme nous savons tout deux que cette magie est réelle, là où d’autre pense à une simple illusion.

La jeune femme observait désormais Alistair, cherchant à percevoir si la moindre menace se présentait ou non. Maintenant, que les deux avaient dévoilé leur pouvoir, elle savait que tout pouvait virer à la catastrophe en un rien de temps. Tout comme il pouvait ne rien se produire et elle préférait de loin cette option.

Malgré son origine magique, la fleur restait pour elle. Wanda devait avouer qu’elle n’avait pas pour habitude d’en avoir. Cessant de faire usage de ses pouvoirs, elle récupéra l’hibiscus, voyant cette fleur comme un symbole. De quoi ? Elle ne le savait pas encore, mais se promettait de le savoir.

— Merci pour ce présent. Est-il un gage de votre bonne foi ? Car je ne crois pas me tromper en avançant que c’est en usant de vos pouvoirs que vous émerveillez les curieux de la ville.

Tourner autour du pot n’était pas la façon de faire de Wanda. Elle préférait évoquer rapidement sa méfiance, afin d’être certaine de ne pas se trouver dans une mauvaise situation. Peut-être que cela avait été une erreur pour elle de venir seule ici, mais elle commençait à avoir confiance en ses capacités et en sa débrouillardise. Une confiance qu’elle avait jadis perdue face aux dégâts que pouvaient causer ses pouvoirs, mais cette crainte, elle avait appris à la maîtriser. Et c’était grâce à cette maîtrise qu’elle se montrait pleine d’assurance devant Alistair. Plus une once de magie n’émanait d’elle, alors que ses mains retrouvaient ses poches. Elle y avait délicatement déposé l’hibiscus, attendant donc de savoir si elle pouvait, ou non, faire confiance à cet homme.

Aller droit au but, c’était la spécialité de Wanda. Elle n’aimait pas avoir à tourner autour du pot et n’aimait pas être prise pour une idiote. Ce qui n’était pas le cas actuellement, mais il n’était plus temps d’user de subterfuges et d’aller au concret. Un concret qui semblait passer par de la philosophie alors qu’il en allait d’un débat sur la réalité de cette fleur ou non. Certes, elle la sentait bien réelle dans l’emprise de sa propre magie, mais la jeune femme savait que sa véritable nature n’était en rien réelle. Elle n’était que la création d’une énergie méconnue du monde et qui était bien plus vaste et bien plus puissante que l’on pouvait le deviner. La mutante avait appris à ses dépens à ne pas sous-estimer la magie alors qu’elle ne cessait jamais d’en découvrir son étendue. Et si désormais elle avait de plus en plus confiance en ses capacités, elle n’oubliait pas qu’elle était encore bien récente l’époque où elle craignait ses pouvoirs. Or, le magicien lui faisant face, semblait bien confiant en ses talents, comme s’il ne craignait pas les mystères de ce monde mystique.

Un monde qui semblait réservé à une élite, lorsque l’on voyait à quel point elle était méconnue et crainte. Wanda le voyait dans le regard de certains ayant été témoin de ses capacités, ce qui n’avait guère aidé à lui donner confiance. Elle avait vu la terreur de certains, qu’elle avait associée à ses propres actions. Le chemin avait été long et rude pour accepter qu’elle ne pouvait maîtriser la peur des autres, mais c’était désormais derrière elle. Et c’était certainement grâce à ça qu’elle prenait confiance devant le magicien, ayant décidé de l’instant où le voile serait levé. Il ne pouvait désormais plus la prendre pour une naïve citoyenne de cette ville, même si quelque chose chez la mutante lui laissait entendre que cela n’avait pas été le cas. Mais ayant tout deux joué à l’illusionniste, lui en démontrant ses talents et elle en cachant sa nature, il serait impossible de le savoir.

— Mieux vaut qu’elle reste une illusion pour les autres. La nature humaine nous fait craindre ce que l’on ne comprend pas, ni ce que l’on maîtrise. Ce n’est pas pour rien que les sorcières furent jadis pendues ou brûlées.

Ces histoires n’avaient jamais vraiment intéressé Wanda, mais qui ne connaissaient pas le sort de ces personnes ayant pratiqué l’art occulte de la magie ? Une chasse qui avait traversé les âges et dont la jeune femme avait réellement pris l’ampleur lorsqu’elle s’était penchée sur son alter ego de ce monde et son histoire. Auparavant, elle ne pouvait prétendre être une réelle connaisseuse de ce monde, s’étant arrêtée à la simple question de sa mutation. Mais là, elle avait découvert bien plus, élargissant son cercle de connaissances.

Seulement, connaître l’histoire des sorciers n’était pas le plus important pour l’heure. Wanda avait mis en avant une interrogation en pouvant rester sans réponse et dont elle ne voulait s’inquiéter plus longtemps. Elle ne répondit d’ailleurs pas de suite quand Alistair répéta ses mots. Au contraire, elle préféra se méfier un instant, se demandant si cela signifiait la fin de leur petit jeu pour révéler sa vraie nature. En soit, Wanda se moquait de l’importance que pouvait avoir le présent, mais elle ne souhaitait pas se trouver au cœur d’un nouveau conflit dont elle ne pourrait maîtriser les tenants et aboutissants. Ils avaient une chance de repartir de zéro ici et il était hors de questions qu’elle commette les mêmes erreurs que par le passé.

— Il est toujours possible de cacher ce que l’on souhaite cacher. Sans confiance, difficile de savoir ce qui se révèle être vrai ou faux.

Or, Wanda ne demandait que ça de pouvoir faire confiance, qu’importe les rencontres. Mais elle n’avait pas cette naïveté de petite fille et savait que tout ne se déroulait pas comme dans les sitcoms ou tout autre histoire scénarisée. Le plus doux des sourires pouvait toujours cacher une âme pervertie par le pouvoir. Même un esprit ne pouvait révéler l’entièreté de ses pensées, tant il est facile d’user de mots pour dire ce que l’on pense et son contraire.

— N’en soyez pas vexés, mais rien ne me garantis que je n’aie pas à vous craindre. Vous avez votre parole, mais qu’en est-il réellement ? Comment savoir si vous ne cherchez simplement pas à endormir ma méfiance pour mieux accomplir vos actes ?

En rien elle ne l’accusait de vouloir lui mentir, mais Wanda montrait simplement qu’il serait difficile d’avoir sa confiance. Les paroles avaient leur pouvoir, mais les actes avaient tout autant leur poids dans la balance. Et pour la mutante, le temps était la meilleure façon de prouver que l’on méritait de croire en des paroles. Pourtant, elle s’autorisa à revenir sur un point qu’elle avait mis temporairement de côté. S’interroger sur ses pouvoirs ne la dérangeait pas, sachant agir pour ne pas trop en dire non plus. S’il voulait en apprendre sur elle, ce serait du donnant-donnant.

— Quant à ma puissance, elle provient simplement de mes origines, ni plus ni moins.

Bien qu’il y avait un plus. C’était son passif qui le lui avait permis de développer ce pouvoir dormant en elle. Sa naissance lui avait donné le gêne mutant, mais c’était le fait d’avoir été volontaire pour Hydra et d’avoir été soumise à la pierre de l’esprit qui avait pleinement éveillé en elle cette magie.

— Pourquoi ? Votre puissance ne vient pas d’ici ?

Si Wanda était encore ignorante dans certains domaines du mysticisme et de la magie, elle restait consciente de ses limites et des conséquences qu'elle pouvant engendrer. Elle le voyait déjà avec son propre pouvoir qui, entre ses mains, pouvait faire des choses merveilleuses, comme dévastatrice. Et elle l'avait aussi vu avec les actes de son alter ego qui s'étaient montrés bien plus impressionnant que ce qu'elle avait fait jusque-là. Comme quoi, la seule véritable limite semblait être l'esprit et l'imagination, une limite que la mutante comptait bien garder. Il était hors de question pour elle de copier ce que sa magie avait fait dans ce monde, que ce soit pour en changer la réalité ou tout autre chose. Ses propres voyages lui avaient appris que c'était la réalité vécue qui permettait d'apprendre et de réparer un monde, non d'en changer sa nature profonde. Au contraire, le faire ne faisait qu'accentuer la peur des autres envers cette forme mystique et laissait parfois son utilisateur s'élever comme tout-puissant. Une voie que la jeune femme n'avait jamais prit et qu'elle ne comptait pas prendre. En aucun cas après avoir assisté à la folie de ceux se croyant au-dessus de tous.

C'était aussi pour cela qu'elle restait méfiante vis-à-vis du sorcier lui faisant face. Si elle, elle avait les pieds bien sur terre en prenant compte que chacune de ses actions pouvait entraîner une conséquence, qu'en était-il de lui ? Laissait-il le pouvoir lui monter à la tête ? C'était un peu l'impression qu'il donnait, à se montrer ainsi en spectacle et en ayant usé d'un tour de passe-passe avec elle. Mais Wanda n'en avait rien dit. La nature de l'être humain était susceptible et cela pouvait s'avérer d'autant plus vrai pour les êtres exceptionnels.

Alistair se montrait tout de même d'accord avec elle sur l'ignorance humaine et ce que cela pouvait apporter. Une ignorance engendrant une peur qui avait naturellement découlé sur la mutante, jusqu'à ce qu'elle comprenne que jamais elle ne pourrait contrôler cette crainte émanant de l'autre. Le mieux était de se montrer tolérant et de démontrer le vrai du faux, cassant ainsi les a priori et les images véhiculées par la culture populaire. Une culture qu'elle avait pu observer dès son enfance avec les récits que les Maximoff lui faisaient de leur vie d'avant, mais aussi parce qu'elle put voir au fil de sa vie. Mais cet échange de point de vue permettait à la mutante de peut-être mieux cerné celui qui se donnait en spectacle. Car, face à cette peur que l'autre pouvait avoir de ce qu'il ne maîtrisait, n'était-il pas mieux de se cacher en exposant l'objet de la crainte ? Faire croire que tout était sous le contrôle du secret et de l'illusion pour jour sur les faux-semblants et ainsi permettre à l'humain de croire qu'il pouvait en avoir le contrôle. Une subtilité qui montrait l'ironie et le paradoxe de l'esprit, passant alors de la crainte à la fascination.

— Ils sont ignorants, car nous préférons nous cacher plutôt que de leur enseigner à ne pas craindre cette magie. Même dans les livres et les cinémas, la magie est démontrée comme l'objet de fantasme et de crainte. On ne fait qu'entretenir cette ignorance en pensant que cela facilitera notre intégration.

Même si les choses changeaient peu à peu. Wanda pouvait bien voir qu'avec les combats ayant eu lieu, les gens devenaient témoins que ce qu'ils pensaient comme irréels ne pouvait qu'être réel. La frontière de l'imagination s'en trouvait bousculer et il fallait désormais les accompagner dans l'acceptation qu'il n'y avait rien de mauvais pour eux de vivre dans ce monde. Qu'au contraire, tout n'était pas uniquement blanc ou noir, mais le monde restait qu'un étalonnage de couleur où seule l'éducation restait la principale cause de la mentalité de tous. Wanda l'avait subi, cette éducation pouvant faire virer de bord. Alimentant d'abord sa haine pour ceux qui lui avaient tout pris, elle avait fini par sombrer parmi ceux ayant les mauvais rôles. Et pourtant, à cette époque, elle se croyait persuadée d'agir pour le bien, ne voulant que la justice. Et finalement, ce fut en ouvrant les yeux qu'elle comprit que sa propre vision avait été lésée par les influences et son vécue, et que tous ne pouvaient être coupable. Un créateur avait beau avoir la responsabilité de sa création, il ne pouvait être responsable de son utilisation faite par d'autres.

— Pourquoi devrais-je les craindre ? Ils m'ont accepté telle que je suis. Mais s'ils me craignent, alors je n'y peux rien. Je ne peux que contrôler ma propre peur et non celle des autres.

Une philosophie qui avait été le résultat d'une longue remise en question. Il avait été difficile pour Wanda d'accepter qu'elle ne pouvait rien faire pour les autres, et qu'il ne fallait pas que ça l'empêche d'agir. Et depuis qu'elle l'avait accepté, la mutante se sentait plus en confiance. Elle avait pris une assurance qu'elle n'avait réellement eu auparavant et cela l'aidait dans son propre contrôle de soi. Comme quoi, la clé avait été sous ses yeux depuis le début.

— Et vous, les craignez vous pour vous cacher sous vos subterfuges ?

Elle avait eu un léger sourire compréhensif en lui retournant la question. Alistair avait au moins l'audace de son montrer à tous, là où elle-même avait jadis prit refuge dans sa chambre. Un temps où Wanda avait choisi une facilité qui lui coupait les ailes.

Et si Wanda laissait entendre qu'elle ne pouvait accorder sa confiance si facilement, l'ensemble de la discussion l'aidait à mieux cerner cet homme empli de mystère. Bien que parler à cœur ouvert aurait été simple, ce ne serait pas une erreur qu'elle irait commettre, ne sachant réellement les intentions du magicien. Si pour l'heure, la mutante n'avait encore fait face à de réels problèmes dans ce monde, elle ne restait pas à l'abri que cela puisse arriver à tout instant. Alors même si cela devait vexer Alistair, elle ne baisserait pas si facilement ses barrières, préférant user de réponses imprécises.

— Je ne prétendrais pas connaître vos intentions, ou pour cela, il me faudrait aller au-delà de ce qui est autorisé de faire. Mais si l'ignorance fait partie de notre monde, la fourberie l'est aussi et on ne peut jamais être sûr de ce qui nous attend.

Wanda n'est plus vraiment d'humeur joueuse. Sans pour autant se montrer froide, restant courtoise et amicale, elle ne tenait pas à être prise pour plus bête qu'elle ne pouvait l'être. Alistair lui donnait une impression de grande naïveté, tout aussi sincère qu'elle pouvait être feinte. Or la jeune femme ne se prendrait pas à ce jeu.

— Je ne suis pas venue pour douter, mais pour m'assurer que des innocents ne craignent rien dans cette ville. La population est peut-être ignorante quant à la magie, mais elle en a suffisamment vu pour douter de ce qui est possible ou non.

Le dire lui semblait étonnament étrange. Elle qui avait jadis maudit les Etats-Unis, voilà qu'elle prenait position pour cette ville si symbolique à ce pays. Mais il y avait une raison à tout cela. Les combats avaient rendu la jeune femme lasse. L'affrontement destructeur de Thanos, leur voyage temporel s'accompagnant de son lot d'emmerdes, même ce monde avait connu ces désastres. Peut-être serait-il temps que cela cesse un jour ?

— Si vous me le disiez, peut-être que cela m'aiderait à vous en dire plus à mon sujet. Vous me demandez de me livrer sur mes origines, mais sans rien dire à votre encontre. Comment espérez vous obtenir quoi que ce soit ainsi ?

En soit, elle ne faisait que relever une évidence. Jusqu'à présent, elle n'en savait que trop peu sur Alistair et il lui demandait des précisions à son encontre. Il était hors de question qu'elle le fasse sans un peu plus de détails, n'aimant pas être ainsi le centre de l'attention. C'était Pietro le frimeur, pas elle.

La patience était une vertu, et Wanda en avait en réserve. Sur ce point, elle était l’exact opposé de son jumeau, alors qu’elle aimait prendre le temps d’analyser et d’observer avant d’agir. Et c’était ce qu’elle faisait avec Alistair. La jeune femme ne s’offusquait pas de ne pas avoir de réponse immédiatement à ses interrogations, sachant qu’elle finirait par obtenir ce qu’elle souhaite. Une leçon qu’elle avait rapidement apprise, que, quoi qu’il arrive, chacun finissait par se dévoiler entièrement. Tout n’était qu’une question de temps et elle avait tout son temps. C’était même très intéressant d’échanger avec celui qui pratiquait la magie, alors que la mutante n’avait que peu de contact avec des gens semblable à elle. En soit, sa magie n’en était pas réellement une, alors qu’elle était issue de sa mutation, mais il était plus facile de la voir comme une sorcière qu’une mutante. Or, si elle avait Strange qu’elle pouvait côtoyer, le reste de ses contacts, connaissant la magie, restait des plus limités.

Encore une fois, Alistair se montrait on ne peut plus juste dans son raisonnement. Il était facile de se dissimuler au-devant même de la scène, alors que tous cherchaient dans les plus sombres recoins. C’était une tactique qui n’avait plus besoin de preuve de son efficacité, alors que beaucoup s’en servait désormais. C’était comme pour les malfrats. Plus ils frappaient fort et une unique fois, plus ils avaient de chance de s’en sortir que quelqu’un qui multipliait les arnaques. Tant que tout était sous contrôle, il n’y avait que peu de chance de se faire remarquer.

— Le monde est ainsi et nous ne pourrons pas le changer. Le mieux et de s’y adapter et d’aider à comprendre l’incompréhensible.

Même si Wanda ne pouvait prétendre agir au quotidien pour montrer que sa différence n’était pas un mal en soit, elle espérait que le temps puisse permettre une plus grande tolérance. Elle avait vu le monde sous différentes époques et différentes évolutions. Tout n’était finalement qu’un apprentissage, auquel il fallait laisser le temps de se faire. C’était comme pour les mœurs et les coutumes finalement, qui évoluaient à chaque époque et selon les chemins pris par tous. Des idées qui semblaient universelles fut un temps et qui, pourtant, était désormais décriées comme une honte de l’avoir pensé. L’humanité était sans cesse en évolution et cette évolution était ce qui permettait d’avancer. À la condition qu’on les laisse faire leur chemin.

Les sous-entendus de la jeune femme semblaient faire leur petit effet alors qu’elle vit la surprise chez Alistair qui releva sa révélation. En vérité, Wanda ne savait guère ce que les autres savaient d’elle, mais elle connaissait la réputation de celle qui avait eu le titre de Scarlet Witch et savait aussi ce qu’il en était de son propre monde. Après avoir fait certains gros titres – plus pour une erreur que pour ses exploits – sa puissance n’était plus un secret. Seules ses réelles limites restaient inconnues, alors qu’elle-même ne les connaissait pas.

— Ils savent une partie de ce dont je suis capable de faire. Et pour autant, je n’ai pas une armée de fourche qui me poursuit et on me laisse vivre en paix.

Là encore, tout était subjectif. Car si dans son monde, l’identité de la mutante aux halos rouges étaient connus, là aussi par les médias, et Wanda n’ayant cherché à user d’un pseudonyme, ici c’était différent. Ici, elle savait que Wanda Maximoff et Scarlet Witch était deux personnes différentes pour bon nombre de personnes et que ce n’était pas pour rien que la tenue de celle qui touchait à la réalité était si spécifique. Et depuis qu’elle était arrivée, Wanda n’avait pas cherché à anéantir cette séparation, bien contente de ne pas se voir associer à des actes passés par quiconque en aurait été victime.

— Je ne suppose rien, mais je connais la puissance que peut avoir la magie et la façon dont nous pouvons vite être dépassés par ce que nous croyons connaître.

Alistair semblait rapidement prendre la mouche, ce qui forçait Wanda à prendre quelques pincettes supplémentaires. Elle ne pouvait pas encore le cerner et ne savait ce qui pourrait lui porter préjudice ou non. Sans compter que, si elle, elle savait qui elle était et de quel camp elle était, son interlocuteur n’en savait rien, ce qui pouvait tout deux les mettre dans des positions inconfortables. C’est pour cela qu’elle n’avait pas hésité à sous-entendre qu’elle savait comment défendre la population, comme pour montrer que, de son côté, il n’y avait rien à craindre. Maintenant, il fallait qu’elle en sache plus sur Alistair.

Mais Wanda avait aussi visé juste quand elle avait évoqué qu’elle n’en dirait trop sur elle sans que le magicien ne se dévoile un peu. C’était du donnant-donnant, sans quoi, jamais la moindre confiance ne pourrait s’établir entre eux. Et elle semblait avoir marqué un point, alors qu’il commençait à en dire un peu plus. Sans rien montrer de ce qu’elle en pensait, la jeune femme analysait le fait qu’il ne vienne pas de ce monde. Avait-il voyagé par le même portail qu’eux ? Elle en doutait, sans quoi, elle se serait souvenue de l’avoir vu. Mais leur portail n’avait pas été le seul et depuis le temps de leur arrivée, Wanda avait appris que d’autres avaient subit un voyage similaire aux leurs. Ce qui avait alors dû être le cas d’Alistair et sa réponse apportait alors un tout autre lot de question.

Cependant, comme elle l’avait dit, chacun devait en dévoiler un peu plus sur soi. Et c’était donc à son tour de répondre à certaines questions qui lui avaient été posées et la mutante comptait se concentrer sur ses origines. En jouant un peu, elle savait qu’elle pouvait éviter de trop en dire. Après tout, elle avait vécu des années sans certaines connaissances et cela ne l’avait pas empêché de se faire sa propre identité. Alors elle pouvait ne dire que ce qui l’intéressait.

— Apprendre que vous n’êtes pas de ce monde, ça m’aide en effet. Je peux donc ne pas me baser sur mes propres connaissances, car elles seraient, sans aucun doute, fausses ou incomplètes. Les magiciens sont-ils courant par chez vous ?

Cela pourrait expliquer son idée de se cacher en se montrant à tous, et laissant croire à des illusions ce qui s’avérait être de la vrai magie.

— Quant à mes origines, contrairement à vous, je viens de ce monde et je suis née ainsi. Ni plus ni moins, mais j’ai eu la chance de recevoir certains apprentissages lorsque ma magie s’est manifestée.

Wanda n’aimait pas mentir, mais elle ne souhaitait pas non plus évoquer leur voyage. Ni même laisser comprendre qu’ils sont plusieurs à avoir emprunté le même portail qu’elle. La mutante préférait évoquer ses origines communes avec son alter ego, sans avoir besoin d’apporter cette nuance. Plus tard, peut-être qu’elle pourrait dévoiler toute la vérité, mais en attendant, elle préférait ne faire qu’une avec la Scarlet Witch de ce monde et se servir de ce qu’elle savait pour ne dévoiler que ce qui était nécessaire.

Wanda avait compris. Si elle espérait obtenir quoi que ce soit de concret de la part de ce magicien, il lui fallait se dévoiler. Chose qu’elle n’aimait guère, car elle savait que la connaissance pouvait devenir une arme des plus puissantes entre de mauvaises mains. Mais elle voyait bien qu’évoquer la possibilité qu’Alistair soit plus un ennemi qu’un allié, cela déplaisait à son interlocuteur. Restait désormais à savoir pourquoi c’était si déplaisant pour lui, et là encore, il pouvait y avoir de multiples hypothèses. Les deux premières étaient d’ailleurs les plus évidentes : soit la jeune femme avait visé juste, et cela ne pouvait en aucun cas être plaisant, soit elle avait heurté l’ego de cet homme mystérieux. Ce qui était tout aussi possible, quand elle comparait ses réactions à ceux pour qui la mutante avait déjà pu atteindre cette fierté si propre à l’espèce humaine. Elle-même avait la sienne, mais celle-ci restait plus modérée que pour d’autres.

Alors Wanda accepta de se livrer, tout en contrôlant ces dires. Comme quand elle évoquait le fait que l’on puisse avoir vent de sa magie dans cette ville, alors qu’elle ne faisait qu’exposer une part de vérité. Une information qui sembla plaire au magicien mais qui se fit questionner la mutante. Trouvait-il ça intéressant pour avoir moins à se cacher, ou pour plutôt tirer parti de cette information ? Qu’importe, elle avait beau commencer à donner quelques faits à son sujet, Wanda n’en restait pas moins prête à régir dans le cas où quelque chose tournerait mal. Non pas forcément de la part d’Alistair, mais de cet environnement qui ne se prêtait guère à des discussions magiques.

— Alors vous êtes un homme avisé si vous la connaissez. J’ai déjà pu observer les conséquences d’une magie incontrôlée et ça me permet de comprendre que les humains puissent ne pas être rassurés face à celle-ci.

Que ce soit des conséquences dont elle été responsable ou même des conséquences liées aux différents combats auxquels les Avengers avaient pris part, Wanda ne pouvait oublier les regards terrifiés qu’il lui avait été donné de voir. Des regards qui avaient ce don de hanter l’esprit, alors qu’à l’origine, le but était de protéger les différentes populations. Mais la jeune femme avait appris à ses dépens que l’on ne pouvait jamais éviter les dommages collatéraux, et elle ne pouvait qu’accepter que certains leur porte une haine sans nom pour l’avoir elle-même fait.

Donnant-donnant, Wanda en avait aussi un peu plus raconté sur ses origines. Elle tenait parole et avait accepté d’en dire plus, si le magicien en faisait de même. Et si la jeune femme avait encore du mal à se débarrasser de ses attitudes trop méfiantes au quotidien, elle comprenait ce que ça pouvait apporter de s’ouvrir un peu. La mutante avait beau avoir évolué depuis quelques années, elle gardait en elle, cette part de l’adolescente qui ne s’ouvrirait à personne, mais ne se gênait pas pour faire comprendre qu’elle aurait finalement gain de cause. Là, elle avait fait taire cette part d’elle, cherchant continuellement à agir comme on lui apprenait à la faire. Ce monde lui offrait peut-être une nouvelle chance, mais la jeune femme n’oubliait pas qu’elle avait subit de lourdes pertes dans ses combats.

— Je n’aurais pas la prétention de dire que je suis la seule de ce pays, ni que je suis la plus dangereuse. Vous devriez faire attention, vos tours d’illusion pourront facilement tomber dans des oreilles plus malfaisantes que les miennes.

Wanda n’avait pas encore rencontré de « mauvais » sorciers, mais comme tout, il y en avait. Le monde était fait ainsi, d’une grande palette de nuances de gris, contrebalançant le bien et le mal. La preuve en était la simple histoire des mutants, entre ceux qui luttaient pour leur droit et pour prouver qu’il n’était pas mauvais pour leur pays, et ceux qui, au contraire, n’en avait que faire, telle que la Confrérie des Mauvais Mutants. Alors il en était de même pour les sorciers. Wanda avait la chance de côtoyer de temps en temps Strange grâce à ce voyage commun, et de ne pas avoir eu à affronter un sorcier plus maléfique. Ça avait été sa crainte avec Alistair, mais celle-ci s’était levée.

Elle fut cependant intriguée par l’un des termes qu’il avait employés, et elle se demanda si ce n’était pas lié à sa propre connaissance – incomplète – de la magie.

— Notre mana ?

Peut-être faisait-elle une erreur en s’interrogeant à ce sujet, dévoilant ainsi une faille dans ses connaissances, mais la mutante ne pouvait s’aventurer sur un terrain rendu glissant par un jeu de subterfuge.