C'était de l'arrogance. Réinvestir ces lieux, vivre comme si de rien n'était. De l'arrogance. Elle le sentait, elle l'avait même vu filer dans l'immeuble, elle n'en revenait pas que Rogers ait ce culot après ce qu'il avait fait.

Elle était rancunière, par moment. Il y avait des choses qu'elle ne supportait pas, ne pardonnait pas. Elle avait du recommencer trop de choses pour parvenir jusqu'ici, avait plus de sang sur les mains que toutes ces personnes réunies dans cet immeuble, elle en était convaincue. Mais il lui fallait savoir pourquoi Steve lui avait fait ça, pourquoi il avait fait ça, comme des informations qui lui manqueraient et qui participaient à ce qu'elle soit incapable de pardonner.

Elle avait attendue la nuit pour s'introduire, ce n'était pas la première fois qu'elle s'introduisait dans l'immeuble mais la dernière fois, elle avait été interrompue par Wanda. Non, cette fois, son but était bien précis alors qu'elle grimpait les escaliers jusqu'à l'appartement de Rogers et elle s'y prendrait mieux que la dernière fois. L'avantage qu'elle avait, c'est qu'ils la croyaient morte, à moins que Wanda ait vendu la mèche mais elle avait un doute là-dessus.

Ouvrir cette porte n'était pas bien compliqué pour elle, ce n'était pas la première fois qu'elle y entrait et visiblement, Rogers n'avait pas changé les accès, mouvement idiot de sa part mais elle n'était plus à une connerie près avec lui. Il faisait noir dans l'appartement, tout le monde devait dormir et elle ne faisait aucun bruit, jusqu'à sentir quelque chose entre ses jambes, depuis quand Rogers avait un chat ? La boule de poils ne semblait pas vouloir la lâcher, surtout et les ronronnements allaient finir par la trahir. Elle entendait une porte s'ouvrir et si tôt la personne sortit, elle sortait son arme blanche de son étui, elle aurait pu prendre ses sempiternelles armes à feu mais elle voulait faire ça vite et bien et donc dans la discrétion la plus totale. La silhouette semblait s'avancer et elle se glissait derrière elle jusqu'à se rapprocher, poser une main sur ses lèvres, fermement pour lui éviter de crier et la lame sur sa gorge de l'autre main. Sauf que.

Cette odeur ne la tromperait jamais, elle la connaissait par coeur. Qu'est-ce que Bucky faisait ici ? Dans l'appartement de Steve ?

On a perdu les clés de son appartement, Barnes ?

Un murmure, un souffle à son oreille, il faisait nuit noir, quelque rayons de la lune qui traversaient les vitres, elle ne pouvait en deviner que les formes mais l'odeur, cela ne pouvait être que Bucky. Sa lame restait pourtant à cette place, sur sa gorge, même si c'était lui, rien ne changeait à son plan. Sûrement serait-il surpris voir choqué de la revoir alors qu'elle était morte depuis des mois, James n'apprenait jamais d'elle et de ses ressources infinies pour emmerder le monde.

Chez toi ? Où est Alpine ? Et c'est qui, ce chat ?

Il faut toujours que tu compliques tout.

Surprise surtout de te trouver ici et pas chez nous, tu n'as pas mis bien longtemps à m'oublier.

J'ai un boulot à finir, si tu veux bien.

J'aurais aimé qu'on en vienne jamais là, mais je n'ai pas le choix, je suis sûre que tu comprendras.

Désolé pour ça, mon amour, mais je suis sûre qu'avec le recul, tu me pardonneras. Une mission est une mission.

Dédé:

Où est mon Soldat ?

Il faut le tuer, quoi qu'il arrive.

Spoiler:

Dédé:

Pas les, crétin. Le suppos d'Hydra.

Je ne suis là que pour faire ce que, comme d'habitude, vous êtes tous incapable de faire ; mener une mission à bien.

Imagine ton Steve, mais s'il travaillait pour Hydra et croyait fermement en Hydra. Imagine ce crétin d'américain, si arrogant et déterminé à emmerder le monde, s'il était à la tête d'Hydra, pour Hydra. Tu auras alors peut-être un début d'idées de ce qui a pu se passer ici.

Garde ce genre de choses pour le lit, Barnes. C'est gênant.

Il commençait à sérieusement l'énerver. Et ce n'était pas bon signe du tout.

Le Soldat de l'Hiver, peut-être. Mais tu ne l'es plus depuis longtemps et tu es devenu aussi incapable que les autres.

Elle le voyait à son regard et son comportement qu'il n'était plus le soldat de l'hiver, son Soldat la regarderait et traiterait autrement, pour commencer. Mais c'était dans le comportement, le Bucky face à elle semblait être vraiment maître de lui-même en tout point. Elle le trouvait même particulièrement bavard. Elle dirait même que son comportement n'était pas celui de d'habitude et que ce Bucky était vraiment bizarre, définitivement. Surtout à protéger autant Steve, il le faisait déjà avant mais pas à ce point là. Si elle le tuait, est-ce que son homme reviendrait ? Ils avaient beau avoir une histoire compliquée, elle se montrait souvent très protectrice avec James. L'idée lui traversait l'esprit, surtout qu'elle n'aurait, si elle allait jusqu'au bout de son idée, aucune pitié à le faire.

Alors qu'il parlait à l'IA dans la maison et que celle-ci lui répondait, elle écoutait d'une oreille distraite, trop dans ses propres pensées et détestant la façon dont il se permettait de la maintenir. Elle pouvait se relever, lui arracher la jugulaire avec ses dents, s'il la tenait toujours si fort. Ou elle pouvait lui mettre un coup de tête assez fort pour l'étourdir, pour prendre le dessus. Elle avait perdu son homme trop de fois et elle n'avait quasiment jamais agit ces fois là, elle ne pouvait pas supporter cette fois de plus. Elle avait toujours mal géré les deuils de leur relation, elle ne comptait pas commencer à s'y faire maintenant.

Elle optait alors pour ça. Puisqu'il la tenait si fermement par les bras, un coup de genou entre les jambes s'imposait, assez fort pour le faire basculer et reprendre le dessus sur lui. Passer ses mains sur sa gorge pour l'étrangler, un regard noir qui le fusillait.

Alors j'irais au SHIELD et le tuerai de mes propres mains, car une fois de plus, vous êtes des incapables, des bons à rien. Vous vivez dans la paresse, comme si de rien n'était. Et toi. Tu oses venir ici, prendre la place de mon soldat et me sortir la carte de l'arrogance ?

Elle était furieuse. Comment aurait-elle pu rester calme ? Comment aurait-elle pu relativiser ? Elle était morte pour rien, elle s'était sacrifiée pour rien.

Demande donc à ta chère IA ce qu'il m'est arrivé puisque tu sembles avoir oublié ton cerveau dans ton voyage.

Si elle ne continuait pas à l'étrangler, elle le tenait néanmoins fermement à son tour, folle de rage et pourtant, elle ne parvenait pas à aller jusqu'au bout de son geste. Elle ne voulait pas avoir à passer encore par cette case, elle ne voulait pas avoir encore à recommencer ça. Et plutôt que la tristesse et les larmes, elle préférait la colère et l'exprimer de cette façon. Qu'aurait fait son Soldat, à sa place ? Sûrement qu'il n'aurait pas cherché à la tuer, mais il aurait tout de même cherché tous les moyens de la ramener, il n'aurait jamais toléré de la perdre, potentiellement définitivement. Comme il n'aurait sûrement jamais toléré qu'elle soit avec un autre, si possessif qu'il était. Elle essayait de l'étrangler, de lui briser la nuque. Mais elle n'y parvenait pas. Si folle de rage qu'elle était, elle n'y parvenait pas.

Et l'IA répondait pour eux, mais jusqu'à un certain point. Elle était morte. Sauf que l'IA ignorait pourquoi elle était de retour, comment c'était possible. Et personne sauf elle ne le savait. Elle et Clint. Ses pouces étaient bien placés, elle aurait pu appuyer, mais elle n'y parvenait pas. Quelque chose en elle, lui interdisait, une limite qu'elle ne semblait pas être prête, encore, à franchir. Cette réflexion merdique du "lui n'aurait pas fait ça".

Si pour le récupérer je dois te tuer, je le ferais sans l'ombre d'une hésitation. Et sache une chose, je ferais tout pour le récupérer, et j'y parviendrai. Tu ne seras bientôt plus qu'un lointain souvenir. Mais d'abord, j'ai une mission à achever.

Elle le relâchait finalement et se relevait. Chacun son tour. Qu'il profite de ses dernières heures tant qu'il le pouvait.