Elle était seule dans la salle d'entraînement. Elle retirait les bandes de ses mains. Elle s'était entraînée une dernière fois avant la mission de demain, une mission importante avec le Soldat de l'Hiver, son entraîneur. Elle trouvait désagréable d'être entraînée par un soldat, américain qui plus est. Mais elle avait surtout gardé pour elle tout ce qu'elle savait. Elle aurait pu le dénoncer, ça aurait été facile et il n'aurait plus été dans l'équation, mais elle avait gardé ça pour elle. Le soldat n'était pas sensé être ailleurs que là où on l'attendait, là où on lui exigeait d'être et elle doutait très fortement que quiconque lui ait demandé d'être là ce soir là. C'était il y a 7 ans mais elle n'avait pas oublié.

Elle ne faisait pas dans la dénonciation gratuite. S'il y avait un intérêt derrière, pourquoi pas. Pour autant, sans intérêt, sans but, elle ne dirait rien, elle aussi avait échappé à plusieurs reprises à toutes ses obligations et elle en payait le prix aujourd'hui. Elle n'en n'était pas encore arrivée à faire subir la même choses gratuitement à d'autres et il valait mieux pour elle ne jamais s'aventurer sur cette pente glissante.

Elle s'entraînait pour demain, pour une mission à une soirée mondaine, le Soldat serait son cavalier et ils devraient espionner, tendre l'oreille et très probablement passer à l'attaque si besoin, du moins, elle en était convaincue si on lui envoyait le Soldat de l'Hiver. Parce qu'elle était l'espionne et lui les gros bras, sur le papier, quand bien même on l'entraînait à devenir les deux à la fois. C'était aussi régulier qu'on envoie les soldats par deux, toujours un pour surveiller l'autre, toujours un pour, normalement, dénoncer l'autre. Le dicton russe qui disait fais confiance, mais vérifie.

C'était sa première mission avec le Soldat, demain. Elle le connaissait déjà bien, plus qu'il ne devait le croire. Elle le connaissait pour avoir lu son dossier, pour avoir su poser les bonnes questions. Le soldat ignorait beaucoup de choses de lui et elle savait aussi qu'elle connaissait des choses sur lui que lui-même ignorait à ce jour, des choses qu'on lui avait fait oublier. C'était aussi le métier de Natalia de savoir tout ça. Mais comme elle ne dénoncerait pas Barnes, elle ne lui avouerait pas non plus tout ce qu'elle savait sur lui.

Il était parfois malaisant, dans sa manière d'être. Cette manière de la coller, de la fixer. Elle était fiancée et attendait la fin de son programme pour se marier à Alexi Shostakov. Pourtant, il venait la voir chaque nuit et s'il était silencieux au début et qu'elle le laissait faire sans rien dire, désormais, elle lui parlait. Doucement, discrètement, que personne ne puisse les entendre autour mais ils se parlaient, beaucoup.

Après ça, elle rentrait dans sa chambre, elle allait prendre une bonne douche et n'ayant pas faim, elle allait se coucher. Il devait être aux alentours de minuit quand elle se glissait dans son lit, réfléchissant au plan de demain, sur comment tout devrait se passer. Elle devrait songer, demain, à aller voir le Soldat pour parler avec lui de la mission, avoir son avis et voir comment ils s'organiseront, même si elle se doutait qu'il avait ses propres plans et qu'il ne pourrait pas tout lui dévoiler, comme il y avait des choses qu'elle aurait à faire et ne devrait pas dire au soldat.

Elle lisait les papiers pour demain, les journaux aussi, tous étalés dans son lit. Depuis quelque temps, elle avait gagné la confiance de la Chambre Rouge, assez pour disposer de sa propre chambre. Elle avait donc laissé la lumière allumé pour lire, ça ne dérangerait personne. Son épaule lui faisait encore un peu mal, depuis qu'elle avait reçu la dague, elle portait toujours la cicatrice, qu'elle cachait avec sa longue chevelure rouge quand elle n'avait pas les épaules couvertes par des vêtements, c'était ce qu'elle ferait probablement demain selon la robe qu'elle porterait, elle bouclerait ses cheveux et les laisserait détachés pour cacher la cicatrice qu'elle n'était pas sensée avoir pour son rôle de demain. Elle lisait les dossiers, les journaux, plus elle en saurait sur l'affaire et mieux ce serait.

Elle lisait les journaux, essayant de se préparer à toutes les possibilités demain, essayant de prévoir tout ce qui pourrait merder, pourquoi, comment et comment s'en sortir. Il fallait parfois laisser place à l'improvisation mais pour ça, autant connaître le terrain le mieux possible. Le kremlin, c'était ça aussi. Elle faisait parti de ces espions qui surveillait les politiques important, de ceux qui veillaient à ce que rien de mauvais ne soit dit sur l'URSS, tout en sachant qu'elle-même serait espionner. Parce que le kremlin c'est ça aussi. Fais confiance, mais vérifie.

Un courant d'air glaciale qu'elle sentait contre ses jambes, brièvement. Un sourire discret sur ses lèvres, comme si elle n'avait rien remarqué puis finalement elle entendait cette voix masculine, il se voulait discret, il savait le faire quand il le voulait, hélas, le Soldat de l'Hiver ne pouvait pas contrôler le temps glaciale de Moscou, 10 mois sur 12. Elle levait le menton vers lui, lui accordant un petit sourire en coin. Il pouvait être arrogant le soldat quand il s'y mettait. Arrogance purement américaine. Il pouvait bien lui parler en russe, elle n'était pas dupe.

Elle ne s'asseyait pas directement, replongeant son regard sur les dossiers. Pour l'embêter. Elle attendait une, deux minutes avant de finalement refermer le dossier qu'elle lisait et se tournait vers lui.

On ne vous a jamais dit qu'il était mal de s'introduire dans la chambre d'une femme au beau milieu de la nuit, Soldat ?

Il était plus coutume d'appeler les autres Camarades que Soldat, mais elle l'appelait Soldat. Parce qu'elle n'était pas dupe, elle pourrait pousser à dire son Soldat. Le pauvre était à sa merci depuis quelque mois déjà. Ce n'était pas pour autant qu'il s'était montré plus doux dans leur entraînement ceci dit, ni qu'il ne la ménageait, bien au contraire. Le soldat ne la ménageait jamais alors elle lui rendait la pareille sur un autre terrain.

Le Soldat venait la voir pratiquement chaque nuit, c'était bien pour ça qu'elle ne cherchait plus à verrouiller porte et fenêtres, l'aurait-elle fait qu'il aurait quand même trouvé un moyen de pénétrer dans la chambre et le bruit, le tic-tic infernal pour déverrouiller porte et/ou fenêtre lui aurait tapé sur le système, autant s'éviter ça à tous les deux, même si parfois, ça l'amusait de le faire pour l'embêter un peu, elle n'avait pas la tête à ces gamineries cette nuit. Elle s'était levée, allant jusqu'à lui, vêtue d'une simple robe de chambre. Elle le défiait du regard. C'était devenu leur petit jeu, jeu que le Soldat avait initié en venant chaque nuit et la ballerine avait bien tenté de le repousser mais il n'avait mis que plus de hargne à revenir à chaque fois, plus elle l'envoyait bouler, plus il revenait. Elle avait donc décidé, dans sa "grandeur d'âme", de finalement le laisser faire. De lui accorder ça. Il n'était pas vilain. Le problème, c'était surtout qu'elle était fiancée. Mais cela devenait de plus en plus dur au fil des jours, des semaines, de résister au soldat. Elle posait sa main sur le bras gauche métallique, et on osait dire que l'URSS n'avait rien à apporter mais l'entretien de ce bras ne venait pas de nul part. Le bras était glacé, si bien qu'elle se demandait si ses doigts pouvaient y rester collés. Ce n'était pas le cas alors que sa main glissait le long du bras jusqu'à son épaule. Elle n'appuyait pas, elle l'effleurait surtout. Le Soldat ne manquait jamais aucun rendez-vous et s'il le faisait un soir, nul doute qu'elle commencerait à s'inquiéter à ce moment. Sa main se posait finalement sur le torse du soldat, un petit sourire sur les lèvres.

Elle avait ce sérum dans les veines et se sentait différente sur bien des points. Elle avait la sensation de sentir beaucoup plus de choses. De ressentir beaucoup plus de choses aussi. Ses sentiments étaient comme altérés, comme si elle ressentait tout de façon plus forte, plus extrême parfois. C'était aussi pour ça que son regard sur le Soldat avait commencé à changer, la manière dont elle ressentait les choses, plus vivement qu'autrefois.

Elle le laissait jouer à son petit jeu, tant qu'il n'allait pas trop loin, tant qu'il ne franchissait pas la limite interdite. Parce que ça l'amusait de le voir faire, d'y croire dur comme fer. Pauvre idiot qui devrait être robotique mais qui s'attache, à l'une des seule personne à qui il ne devrait pas. Elle ne reconnaîtrait pas que ça finissait par l'atteindre petit à petit, qu'elle passait d'agacée à amusée par son comportement. Mais elle était bien amusée pourtant.

Toute espionne qu'elle était, elle avait creusé le sujet du Soldat de l'Hiver. Elle avait trouvé ses dossiers, les avait lu, mais trop de choses en allemand et en anglais, elle avait du s'adapter, n'avait pas eu toutes les informations qu'elle aurait souhaité. Mais au moins elle savait des choses sur lui, sûrement plus que lui ne devait savoir.

Elle l'appelait Soldat en sa présence, elle ne parlait pas de lui lorsqu'il n'était pas là. La répartie du soldat l'amusait. Elle se levait pour aller jusqu'à lui et visiblement, le soldat n'avait pas froid aux yeux pour poser ainsi sa main sur elle, à cet endroit. Qui leur reprocherait d'être pointilleux ? Il poussait vraiment le vice entre ce rapprochement et ces mots. Souffle contre souffle, un instant dont elle se délectait à chaque fois, rapprochement meilleur que le baiser qui pourrait venir, elle en était convaincue. Leur lèvres si proches, cette possibilité de s'approcher et rompre la distance mais ne pas le faire. Elle savourait ces instants qui la réchauffait un peu plus à chaque fois. Les lèvres du soldat étaient intrigantes, ce serait aussi un bon moyen pour le faire enfin taire. Ses lèvres effleuraient, frôlaient celles du soldat, curieuse de voir s'il oserait ou non. Il y avait toujours eu cette tentation, elle n'était pas une sainte-ni-touche, elle n'avait juste jamais cédé par principe. Elle était promise à un autre et lui n'était que son instructeur. Son nez effleurait celui du soldat aussi. Un jeu qui l'amusait, une provocation qui l'amusait, un "jusqu'où ira ton audace" sans avoir à le dire, le regard émeraude parlait pour elle. Tu veux jouer à cela, va jusqu'au bout.

Elle se serait déjà reculée en temps normal, ce soir, elle se sentait plus audacieuse, plus joueuse, plus taquine et, surtout, moins patiente. Est-ce que ce n'était qu'un jeu auquel il n'avait pas assez de courage pour aller jusqu'au bout ? Elle en était presque convaincue.

Durant ce temps, sa main droite s'était aventurée sur son torse, sa main remontant tout doucement le long de son torse jusqu'à se poser sur son épaule, proche de son cou. Son pouce s'aventurait sur sa gorge, légère menace qui l'amusait tout autant, sachant ce qu'elle aurait pu faire en quelque mouvements rapides.

Le soldat était un entraîneur le jour, un amusement et passe-temps la nuit. Cela ne devrait pas être le cas, mais ils avaient enfreints déjà tant de règles qu'une de plus, au final, qu'était-ce ? S'amuser, c'était rare par ces temps. C'était rare d'autant plus au Kremlin, un rire aurait pu choquer toute une assemblée.

Elle appréciait la compagnie du Soldat. C'était un bon Camarade, en somme. Il était devenu un bon camarade. Elle le testait, elle le poussait dans ses retranchements, mélangée entre chercher à voir ce qu'il allait faire, s'il aurait le courage de rompre la distance et aussi par pure vengeance pour ce qu'il lui faisait subir lors des entraînements, ayant souvent l'impression qu'il n'était pas le même avec elle que les autres : plus dur, plus intransigeant, plus impitoyable. La différence de comportement entre le jour et la nuit était donc d'autant plus impressionnant et en un sens, plus amusant.

Sa main se resserrait brièvement autour de son cou alors que leur lèvres se rencontraient. Il n'y aurait plus de retour en arrière après ce baiser, il couvait depuis longtemps, elle était juste surprise qu'il aille aussi loin pour prouver quelque chose. Elle mettait une, peut-être deux secondes, avant de lui rendre son baiser, avec peut-être plus de tendresse qu'elle ne voudrait bien le reconnaître. Ce n'était pas qu'un baiser, surtout. Ils étaient liés à des contrats différents, ils avaient des vies opposées, il n'était qu'un soldat, un entraîneur alors qu'elle devrait être la prochaine Black Widow, une espionne au service du Kremlin, entraînée à tuer. Entraînée par cet homme justement.

Sa main quittait son cou, glissant jusqu'à se poser dans sa nuque, à la base de ses cheveux. Chercher à le rapprocher un peu, peut-être, à ce qu'il ne soit plus si loin d'elle, pour maintenant, ils n'étaient plus à ça près. Ce baiser, c'était mal, mais il était trop tard pour revenir en arrière donc autant en profiter.

Elle avait toujours su ce que le Soldat voulait. Il n'était pas bien différent des autres hommes à ce sujet. Ils voulaient tous la même chose venant des femmes, elle aurait pu croire qu'il se rapprochait plus de la machine que de l'homme mais certains regards ne trompaient pas ; elle n'était que trop bien entraîné et depuis trop d'années pour ne pas reconnaître ces regards. Elle ne lui en voulait pas, bien au contraire, c'était dans la nature de l'homme et elle ne pouvait pas changer sa nature, pas plus que le KGB, Hydra, qu'importe.

Puis, enfin, elle souriait contre ses lèvres. Idiot. Avait-il conscience de tout ce que pouvait engendrer ce simple baiser ? Au delà des réactions physiques et chimiques, au delà de son corps qui se réchauffait légèrement, de son coeur qui battait un peu plus vite et de l'étrange sensation d'engourdissement dans ses doigts et le bas de son ventre. Car elle rationalisait tout cela. Ces réactions n'étaient jamais que physiques, chimiques, c'était normal, rien de particulier. Non ?

Si elle savait que toute personne au Kremlin était un possible espion chargé de surveiller une personne en particulier, elle savait aussi que ce n'était pas le cas du soldat, même s'ils en faisaient ce qu'ils voulaient. Jamais ils n'auraient poussés le soldat dans ses bras alors qu'ils voulaient la fiancer avec leur chouchou, Alexi Shostakov. Mariage dont elle ne voulait pas mais ce n'était pas comme si elle avait le choix.

Qu'il pousse à finalement l'embrasser était à la fois étonnant et prévisible. L'aspect étonnant résidait dans le fait que le Soldat était dur envers elle, plus exigeant qu'avec n'importe qui, l'impression parfois qu'elle était un objet dont il fallait pouvoir disposer. Il ne pardonnait aucun échec, aucune fatigue. Alors elle se vengeait comme elle pouvait.

Ce baiser était doux, agréable, mais dangereux. C'était peut-être justement parce qu'il était dangereux qu'il était si agréable. Un goût d'interdit. C'était cette chaleur qu'elle ressentait, cette chaleur qui l'envahissait. Elle se surprenait même à apprécier qu'il la tienne de la sorte, qu'il la tienne presque si fort contre lui, qu'il ose finalement glisser ses doigts sur sa peau, même si ça lui donnait l'impression que les doigts du Soldat étaient glacés comparé à sa peau. Un baiser en appelait un autre et pour un instant, l'extérieur n'existait plus, ne comptait plus. C'était juste cette chambre, juste ce rapprochement, juste les mains et les lèvres du Soldat.

Elle le tenait contre elle. Sa main libre était remontée le long de son torse pour venir rejoindre son autre main sur la nuque du Soldat. Pour finalement redescendre et se glisser sur sa veste. La lui défaire. Le soldat ne devait pas être le seul à pouvoir profiter de l'instant et à pouvoir découvrir l'autre. Elle rompait le baiser, juste pour pouvoir regarder comment la défaire le plus vite et le mieux possible et la laisser tomber au sol. C'était plus simple pour elle glisser ses doigts sous son haut, sur sa peau. Elle avait cette impression curieuse de se réchauffer pour la première fois. Ses gestes restaient doux, même si son regard voulait surtout dire ; tu parles de ça à quelqu'un, je te tue.

Ils avaient besoin de ça. Tous les deux. Elle le réalisait petit à petit. Besoin de ressentir ces choses là pour ne pas perdre totalement pieds comme leurs supérieurs le voulaient. S'ils ne voulaient pas être que des machines, que des armes. Elle le voulait contre elle. Assez pour que le baiser qu'elle venait chercher soit moins tendre. Plus passionné. Plus fougueux. Plus envieux. Si quelque baisers pouvaient aider à se sentir plus vivante, plus libre, elle n'allait pas se priver de cette sensation.

Il y avait trop d'incertitudes entre eux pour qu'elle s'adonne à cette relation, c'était ce qu'elle s'était toujours dit. Ils étaient promis à des avenirs trop différents aussi, Natalia partirait en mission bien souvent, elle était fiancée à un homme dont la patrie était plus que fière aussi, elle avait des engagements à tenir. Il y avait aussi l'aspect "vierge pour le mariage" qui planait alors que ses envies étaient ailleurs et que le Soldat ne l'aidait vraiment pas en entrant dans cette chambre, en pleine nuit, encore une fois. Car elle était loin d'être idiote, elle savait que ce n'était pas la première fois qu'il venait, loin de là, pas avec la facilité avec laquelle il était rentré, du moins, elle savait qu'il venait plus que lorsqu'elle était encore éveillée pour lui faire la conversation. Elle n'avait jamais trop rien dit, c'était bizarre mais c'était devenu plaisant à force, c'était risqué aussi lorsqu'elle dormait encore dans les dortoirs avec toutes les femmes autour qui auraient pu se réveiller et le balancer mais rien n'était encore arrivé.

Elle aurait aimé lui faire promettre, avant tout, que rien ne pourrait se mettre en travers d'eux, s'ils empruntaient définitivement ce chemin. Que rien ne pourrait les interrompre. Mais elle n'était pas si naïve que ça, elle en avait même trop conscience pour savourer totalement ces baisers ; ça aurait une fin. Ca aurait une fin déplaisante. En avait-il, lui, conscience ? Sûrement. Mais c'était des instants doux volés, ils en avaient tous les deux besoins. Elle se surprenait elle-même d'ailleurs de pouvoir séparer l'entraîneur du soldat qui venait dans sa chambre, de ne pas lui en vouloir pour ce qu'il pouvait la pousser à faire parfois, c'était le signe qu'elle s'était justement trop attachée au Soldat, elle lui pardonnait, elle temporisait, elle faisait la part des choses, elle lui trouvait des excuses, des explications et ça qu'importe les ecchymoses sur tout son corps. Ils avaient tous un masque à porter, ils avaient tous un lourd pour sur leurs épaules. Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça.

Pour autant, s'il parlait de tout ça à qui que ce soit, elle n'aurait aucune pitié à tout faire pour le faire disparaître définitivement de la surface de la terre. Il en allait de sa réputation, de sa vie, de son avenir aussi, elle ne voulait pas être relayée au rang de formatrice plus tard, elle voulait aller sur le terrain, elle voulait agir. Pas être au second plan. Second plan dans le meilleur des cas qui plus est. Il savait de quoi elle était capable, il savait qu'elle ne reculerait devant rien.